
2022
Installation vidéo
Médiums : télévision cathodique, deepfake, lecteur DVD, dimmer, lampe, mobilier






La chaleur du salon nous accueille, mais celui-ci apparaît progressivement menaçant. L’odeur est un mélange d’encens et de mort. Les appareils électroniques obsolètes dysfonctionnent. Les fleurs séchées se mêlent aux fleurs en plastiques. Des lignes de fuites nous transpercent entre le tapis bourgeois, les oreillers kitsch et le crapeau napoléon III.
La télévision cathodique s’allume : « Déclaration du président de la république ». Impression de déjà-vu. Le souverain apparaît, mais quelque chose ne va pas. Ou plutôt, tout va bien. Tout se passe exactement comme cela devrait se passer. Un visage livide, perdu, nous fixe. Il résiste mais on ne sait à quoi. Peut-être à sa fin. Annoncée dans ce salon.
Comme ces glaçons qui fondent éternellement dans un seau à champagne, la fin n’arrive pas. Sur une carte du monde devant nous, se répand un monticule de cendres.Bastet nous observe depuis l’obscurité à côté des élixirs du diable. L’intérieur du salon pointe vers l’extérieur. Le reflet d’un fantôme apparaît parfois sur l’écran de télé quand celle-ci glitch. Le son d’un vent sans souffle caresse l’arrière de nos oreilles.
Tous ces signes portent un sens. Un double sens. Le pouvoir se décompose. Au fur et à mesure qu’il quitte la familiarité de nos imaginaires futurs, le voilà emportant tout dans sa cadavérisation. Le visage présidentiel est simulé par un deepfake dont les input sont ceux de pilotes tournoyants dans des centrifugeuse, pour entraîner leur corps jusqu’aux limites de leurs capacités.
Le discours silencieux semble résister à un étrange exorcisme. Le visage se contorsionne, résiste. Il transpire, se noie, gémit. Il jouit. Sur la bannière télévisuelle est diffusé les mots les plus souvent prononcés lors des discours présidentiels depuis la crise sanitaire de 2020. Le public est parfois amusé, parfois effrayé. Il comprend bien qu’il ne s’agit pas seulement d’une personne, mais d’un monde.